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PARIS, 19 mars (MENA) - La découverte de nouveaux gisements et l'influence diplomatique de l'Egypte devraient lui permettre de devenir un hub énergétique régional, en coopération avec ses voisins, écrit le site d'information français, traitant des enjeux énergétiques "L'EnerGEEK" qui rappelle le passage de l'Egypte en l'espace de quelques années du statut d’importateur de gaz à celui d’exportateur.

En janvier 2019, l’Egypte est redevenue exportatrice net de gaz... Elle produit aujourd’hui un volume record de 6,6 milliards de mètres cubes de gaz par jour – en hausse de plus de 30 % depuis 2016 – ce qui en fait l’un des plus gros producteurs d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, précise l'EnerGEEK qui estime que la manne énergétique égyptienne n’est pas près de s’épuiser vu que le pays possède les sixièmes plus grandes réserves de pétrole d’Afrique et se situe dans le top 20 mondial des plus grandes réserves de gaz naturel.

Et de rappeler que ces dernières années, la Méditerranée orientale est devenue l’une des zones de forage en mer les plus prometteuses du monde et qu'en 2015, c’est l’Égypte qui a remporté le jackpot avec la découverte par la compagnie pétrolière italienne ENI du gisement de gaz en eaux profondes de Zohr : avec 850 milliards de mètres cubes de gaz récupérable et qu'il s'agissait de la plus grande découverte d’hydrocarbures jamais réalisée dans cet espace maritime.

Le site français rappelle l'annonce récemment par la compagnie Eni de la découverte d’un nouveau gisement de gaz naturel au large du pays, dans le puits Noor-1 de la zone d’exploration Noor et que selon des sources proches de la société, le potentiel en présence pourrait être comparé au Zohr.

Selon l'EnerGEEK, l'Egypte entend, cette fois, exploiter intelligemment ce don du ciel et que le président Abdel Fattah al-Sissi n’entendait pas reproduire les erreurs du passé lorsque dans les années 2000, les recettes d’un précédent boom gazier ont été dilapidées....

Afin que ce nouvel afflux d’« or bleu » profite directement au plus grand nombre, le gouvernement entend profiter de cette chance pour assurer une transition énergétique toute en souplesse et incite ainsi financièrement les automobilistes à abandonner l’essence et le diesel au profit du gaz, poursuit le site français, rappelant qu'à ce jour, 250 000 voitures sur les 10 millions de véhicules du pays ont effectué la transition, selon un article du New York Times.

L'EnerGeek note que cette nouvelle donne attire également en Egypte les grandes entreprises pétrolières internationales telles que Shell, BP, Petronas et ENI et que cette année 2019, les acteurs du secteur énergétique prévoient une augmentation de la production égyptienne de gaz de plus de 40%, appuyée sur 10 milliards de dollars d’investissements réalisés par les compagnies pétrolières étrangères.

Le Britannique BP devrait ainsi injecter 1,8 milliard de dollars en Egypte en 2019, alors qu’il s’agit déjà du pays dans lequel il a investi le plus au cours des deux dernières années, souligne le site d'information, mettant en exergue le fait que ce renouveau de l’intérêt pour l’Egypte des grandes compagnies pétrolières internationales montre surtout que le pays est en train de tourner la page de la brève présidence de Mohamed Morsi (2012-2013), marquée par un important ralentissement de la production dû à une attitude hostile envers ces compagnies (insécurité, menaces, retards de paiements…).


Quant aux préoccupations concernant la sécurité dans le désert occidental d’Egypte (proche de la Libye) ou dans le Sinaï, l'EnerGEEk estime que la politique ferme du président Sissi et les résultats indéniables de cette dernière ont achevé de convaincre les investisseurs et que cette situation avait été résumée en une formule par Michael Stoppard, directeur de la stratégie pour les marchés mondiaux du gaz chez IHS Markit: "Nous voyons une aube nouvelle en Égypte...."


Et de rappeler qu'en janvier dernier, l’Egypte, l’Italie, Chypre, la Grèce, la Jordanie, Israël et la Palestine ont annoncé au Caire leur intention de créer un Forum du gaz de la Méditerranée orientale dans l'objectif de créer un marché régional du gaz qui serve les intérêts des pays membres.

Une septuor qui siégera logiquement au Caire, car le gouvernement depuis l’arrivée au pouvoir d’El-Sissi promeut cette politique de développement et de stabilisation de la région par la coopération économique.. Une véritable « diplomatie du gaz », qui permet au gouvernement égyptien de renforcer sa politique d’apaisement et de coopération avec ses voisins, considère l'EnerGeek, qui prévoit que dans ce forum- qui se réunira à nouveau en avril – l’Egypte a beaucoup à gagner.

Le site d'information fait remarquer que le gaz égyptien est depuis le mois dernier de nouveau livré à la Jordanie, après une suspension de près de 7 ans et qu'il s’agit d’une étape importante avant l’exportation vers le marché européen, friand du produit égyptien en raison de son coût et de la volonté de nombreux pays de mettre fin à leur dépendance à l’égard du gaz russe, prévoyant que les premières livraisons en Europe aient lieu en 2020 pour viser principalement la France, l’Italie et l’Espagne.

Et de conclure que L'Egypte a réalisé une percée autant économique que géopolitique et que la Turquie, a un temps cherché à la concurrencer dans sa posture de leader énergétique sans succès.